7 inégalités femmes/hommes (presque) invisibles
7 (almost) invisible inequalities between women and men
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Quand on parle des inégalités femmes-hommes, certaines viennent en tête automatiquement:
salaires: Les hommes gagnent 24,4% de plus que les femmes (étude de 2021). A poste et compétences égales, l’écart de salaire est de 9%.
types d’emplois: les femmes sont concentrées dans 12 familles professionnelles, dévalorisées financièrement et socialement, où les qualifications et la pénibilité ne sont pas reconnues.
tâches domestiques: dans le monde, les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non rémunéré. En France, les femmes d’âge actif passent en moyenne chaque jour trois heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1h45 (chiffres de 2023). La valeur du travail domestique non rémunéré des femmes dans le monde contribuerait au moins à 10 000 milliards de dollars par an, soit 3 fois l’industrie du numérique!
Contrairement à ce que certaines personnes veulent nous faire croire, il reste encore beaucoup de travail pour atteindre l’égalité femmes-hommes.
Ces domaines sont connus - ce qui ne les empêche malheureusement pas d’exister encore 😢.
Mais voici 7 inégalités qui passent presque inaperçues.
Coût des diktats de la beauté
Tout le monde sait que les femmes sont victimes des diktats de la beauté. Il n’y a qu’à ouvrir un magazine pour y découvrir des publicités pour les produits de beauté ou des vêtements affichant des photos retouchées de mannequins. En vérité, même pas la peine de l’ouvrir: jeter un coup d’oeil à la couverture suffit pour donner le ton!
Mais ce que l’on soupçonne moins c’est l’inégalité pécuniaire que cela représente.
Dans son livre, Le Prix à Payer, la journaliste Lucile Quillet dénonce ce qu’elle appelle la charge esthétique. Elle a fait des calculs. Sur toute une vie, une femme va dépenser en moyenne 21 000€ pour ses épilations. Si elle fait le calcul de tout ce qui lui appartient dans la salle de bains (produits de beauté, maquillage, lisseur, brosses…), on n’est pas loin des 1000€ là où un homme en aura pour 50€ de produits 🤯.
De toute façon, me direz-vous, c’est bien connu, les femmes sont plus dépensières que les hommes ? 66% des français (hommes et femmes) sont persuadés que c’est le cas. Alors que c’est faux : les femmes dépensent en tout 20% de moins que les hommes. Et post pandémie, elles dépensent même moins pour leurs achats de vêtements que les hommes. Selon la dernière étude CSA-Cofidis consacrée aux dépenses des Français·e·s, les femmes dépensent 11% de moins que les hommes pour se saper !
Mouvement de résistance de leur part ? Lutte contre les injonctions de la mode ? Non. Juste le fait qu’elles gagnent moins d’argent 😢.
Hello ! Moi, c’est Anne Bezon, écrivaine et coach en écriture. Ma mission avec cette newsletter est de t’inspirer et de t’encourager à écrire la vie qui te convient, sans te soucier des diktats de la société. Nous sommes bientôt 1000 ici. Merci !
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Rest Gap
69 % des femmes auraient moins d’une heure par jour pour penser à elles (étude OnePoll pour Phillips). Les femmes ont plus de mal à s’octroyer du temps de repos que les hommes. Mais ce n’est pas tout. Elles ont aussi plus de difficultés à s’endormir et mettent 20 minutes en moyenne de plus que leur partenaire à trouver le sommeil. Or, selon les experts, les femmes auraient besoin de 20 minutes de temps de sommeil de plus que les hommes pour se sentir reposées de part les processus biologiques et hormonaux que leur corps traverse souvent. Par effet ricochet, au fil des années, le « rest gap » que l’on pourrait traduire par « dette de sommeil », jouerait sur leur santé physique et mentale, pouvant provoquer de l’épuisement et de l’anxiété.
En cause ? Une charge mentale élevée, notamment liée à une inégale répartition des tâches domestiques. Selon une récente étude britannique publiée dans la revue People Management, plus de 9 femmes sur 10 (93 %) déclarent avoir déjà connu des problèmes de santé mentale en raison d’un mauvais équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Qu’à cela ne tienne ! Elles n’ont qu’à prendre des vacances. Euh, mauvais plan: les femmes rentrent souvent de vacances souvent plus épuisées que les hommes (étude Ifop pour Bons plans voyages New York).
Les femmes sont soumises à plus de pression psychologique, comme le souligne la psychothérapeute Tasha Bailey:
« Dans la société moderne, de nombreuses femmes pensent que leur estime de soi dépend de leur productivité ou de leur utilité pour les autres. Ainsi, lorsqu’il s’agit de se donner la priorité et de se reposer, elles peuvent se sentir submergées par un sentiment de honte et de culpabilité de ne rien faire. »
Les femmes sont conditionnées à prendre soin des autres avant elle-mêmes. Célébrées dès l’enfance pour leur gentillesse, leur empathie ou leur compréhension, elles sont poussées dans cette direction. On leur fait croire qu’elles sont responsables du bien-être de leur famille, voire des autres. Cela ne laisse pas la place pour se donner la permission de se reposer.
A noter que si cela est particulièrement vrai pour les mères (les femmes étant souvent considérées comme les principales dispensaires des soins à apporter aux enfants), pour les femmes qui n’ont pas d’enfant, la culpabilité est la même.
Cour de récré
Les cours de récréation de nos enfants sont genrées. Il n’y qu’à demander à nos chères têtes blondes: les filles et les garçons, ça ne se mélange pas! C’est comme ça, c’est la norme. Et presque personne n’y trouve rien à redire.
Si on regarde de plus près ce qu’il se passe dans une cour, on se rend compte que l’espace n’est pas partagé équitablement. Les garçons bénéficient d’un grand espace central et unifié (généralement le terrain de foot), tandis que les filles sont reléguées sur les côtés dans des espaces morcelés, créant symboliquement et inconsciemment les inégalités de genre dans l'espace public.
Des attitudes de domination s'installent ainsi dès le plus jeune âge et surtout l'inscription des stéréotypes sur l'inégale valeur du monde des filles ou de ce qu'elles représentent, par rapport au monde supposément masculin.
La géographe du genre, Édith Maruéjouls est convaincue que c'est dès le plus jeune âge qu'il faut agir pour apprendre aux enfants à partager l'espace et à jouer ensemble pour plus d'égalité, de mixité et d'inclusion.
"Ces espaces de cour n'ont pas été réfléchis sur ce qui fait une relation humaine. Est-ce qu'on peut discuter, par exemple ? Est-ce qu'on peut s'installer à plusieurs ? Est-ce qu'on peut rêver ? Est-ce qu'on peut être au calme ? Ce n’est souvent pas équipé. Ça produit de l'ennui, quand vous ne pouvez pas vous installer, la conversation est beaucoup plus difficile à avoir.”
À noter que de plus en plus d'écoles réaménagent leur cour de récréation. Ouf !
“Petit”
Mes garçons adorent regarder des émissions culinaires sur Netflix et dernièrement, ils ont regardé l’émission coréenne Le Choc des Toques dans laquelle des chefs et cheffes de cuisine s’affrontent. Et j’ai été frappée par une chose : à la fin des épreuves, lorsque les candidats sont interviewés, dans 90% des cas, les hommes sont très contents d’eux alors que les femmes doutent.
Tu me diras que c’est en Corée, que la culture doit être différente.
Tu es sûre ?
Si on compare entre un homme et une femme en recherche d’emploi, la femme ne se permettra de postuler que si elle possède au moins 80% des compétences requises, alors que l’homme se contentera de 50%.
Une femme sur huit négocie son salaire à l’embauche, contre un homme sur deux (Université de Munich, 2013).
66% des hommes se pensent plus intelligents que la moyenne contre 54% des femmes, alors tous les experts s’accordent à dire que l’intelligence n’a pas de sexe (Université de l’Arizona, 2018).
Les femmes scientifiques utilisent 12% de qualificatifs positifs en moins que leurs confrères dans les articles qu’elles rédigent pour présenter leurs travaux (British Medical Journal, 2019).
Ça suffit ou je développe encore ?
Allez, une dernière. Quand les femmes parlent de leurs accomplissements, elles ont tendance à utiliser des mots comme “petit” (“j’ai écrit un petit livre” - toute ressemblance avec moi n’est pas fortuite 😉).
Attention toutefois. Il est réducteur d’en conclure que les femmes n’ont pas assez confiance en elles. Dire cela revient à leur faire porter l’entière responsabilité. Il est prouvé que selon le contexte et l’accompagnement, les femmes peuvent faire preuve d’autant, voire de plus d’assertivité que les hommes. À méditer.
Manspreading
Né en 2008 sur Twitter, le manspreading est un néologisme que l’on pourrait traduire par "l’étalement masculin". Ce concept, développé par des féministes américaines, accuse certains hommes de s’asseoir les jambes écartées et d’occuper deux sièges dans l’espace public et notamment dans les transports en commun.
En 2013, une campagne de prévention contre le manspreading a eu lieu dans le métro de New York, l’une des premières villes à agir contre l’étalement masculin. Des campagnes similaires ont vu le jour en Corée du Sud, au Japon, à Istanbul ou à Madrid. En 2017, la ville de Bordeaux a lancé une campagne de sensibilisation dans ses transports en commun en affichant ce pictogramme :
La base 😢.
Ok, chez les hommes, croiser les jambes peut affecter la production de sperme mais il y a une différence entre ne pas croiser les jambes et les écarter outre mesure! Et il est vrai aussi que le croisement des jambes au niveau des cuisses ou des chevilles provoque des douleurs… Mais c’est vrai pour les hommes ET pour les femmes.
Mais le manspreading n’est pas qu’une question d’ouverture de jambes selon moi. Il peut s’effectuer autrement. Très souvent, je dois jouer des coudes - littéralement - pour pouvoir poser mes bras sur les accoudoirs dans les transports ou au cinéma par exemple.
Comment tu fais les mercredis après midis ?
Fais le test autour de toi. Demande aux hommes que tu côtoies si on leur a déjà posé la question : “et toi, tu fais comment les mercredis après-midis?”
Bien évidemment, je parle ici des pères de familles de couples hétéros.
Comme le disait la militante féministe Gloria Steinem:
“Je n’ai toujours pas entendu d’hommes demander conseil sur la manière d’allier travail et vie de famille”
Je suis persuadée que le jour où l’on posera cette question aussi souvent aux pères qu’aux mères, l’égalité femmes-hommes ne sera pas loin.
La voix des femmes
Dans son livre passionnant Une voix à Soi, Aline Jaillet, chanteuse lyrique et coach de la voix, décortique la construction de l’identité vocale des femmes, et explore ces biais d’écoute qui entretiennent une forme de domination vocale masculine.
Contrairement aux hommes, les femmes sont très souvent attaquées sur leur voix. Trop aiguë, trop forte, trop fragile, la voix des femmes est comme un filtre posé sur leur parole qui empêche d’écouter ce qu’elles disent. Si une femme a une voix trop aiguë, c’est qu’elle est « hystérique » ; si elle a une voix trop forte, c’est qu’elle est violente ; si elle a une voix trop grave, c’est qu’elle est masculine…
Aline Jaillet dénonce cet angle mort du sexisme persistant de notre société. Dans de nombreux esprits, une voix est physiologique. On naît avec une voix grave ou aiguë et c’est comme ça. On n’y peut rien. Or, quand on regarde les choses de plus près, on réalise que la voix est un agent des stéréotypes de genre, donc de discrimination, donc de sexisme.
Souvent la voix des femmes est associées à des qualificatifs comme aiguë, douce, mélodieuse, agréable, maternelle, au service des autres, chaude, éventuellement séductrice et sexy dans certains contextes…Sans en avoir conscience, on assigne un rôle, une personnalité et un état émotionnel à une voix. Trop aiguë ? La femme est hystérique. Trop grave ? C’est un garçon manqué. Eraillée ? Vulgaire.
Cette écoute biaisée efface le contenu du discours féminin et construit en nous des fausses croyances. Elle entraîne aussi chez les femmes un manque de confiance en elles: à quoi bon parler puisque je ne suis pas écoutée?
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Mes coups de cœur ❤️️
🌟Un compte Instagram : 1000 libraries pour rêver devant les photos et vidéos des plus belles librairies dans le monde. Je pourrais regarder pendant des heures…
🌟Un livre : I could do anything if I only knew what it was* de Barbara Sher (*Je pourrais faire n'importe quoi si seulement je savais ce que c'était). Malheureusement, je ne crois pas que ce livre soit traduit en français mais je t’en reparlerai. Ce livre n’est pas axé que sur la multipotentialité et peut parler au plus grand nombre. Il est génial et m’a par exemple permis de comprendre que j’avais peur de la réussite (chose que je pressentais mais que je n’arrivais pas à comprendre).
D’ailleurs, comme beaucoup trop de choses m’intéressent 😉j’ai besoin de toi pour mon prochain article ⤵️
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C’est proche du diktat de la beauté mais il y’a aussi le droit de vieillir. Colle disait Carrie Fisher : « Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes; ils ont seulement l'autorisation de vieillir. »
Oui, la voix apparement joue un rôle important et influe beaucoup. J’avais lu que pour se faire « respecter » il faut rentrer dans les graves.